Les plus belles routes du Pays Basque

Par Paul Guicheneuy | Le 01/11/2021

Région entre océan et montagnes, le Pays Basque offre des points de vue exceptionnels que ce soit côté français ou espagnol. C’est au travers de mes yeux de jeune motard amoureux de ma région que je vais vous donner dans cet article certaines routes qui me semblent incontournables. Que vous soyez motard chevronné ou jeune automobiliste, évoluer au milieu de paysages sublimes procure un plaisir euphorique. La majorité de ces itinéraires pourront donc convenir à l’ensemble des véhicules.


 

À la découverte du Pays Basque français : l’Iparralde

Le Pays Basque français, aussi appelé le Pays Basque nord ou Iparralde, regroupe trois provinces historiques du Labourd, de la Basse-Navarre et de la Soule. Les différentes capitales sont Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port et Mauléon.

 

Longez l’Adour et partez à sa rencontre avec les Gaves réunis

Avant toute chose, l’Adour prend sa source dans le massif pyrénéen du Pic du Midi de Bigorre et se jette dans l’océan Atlantique entre la digue de Tarnos et la barre d’Anglet.  Cela fait de lui le 8ème plus grand fleuve de France. À partir de sa jonction avec les Gaves réunis, il est la frontière naturelle entre les Landes au nord et le Pays Basque au sud. Je vous amène donc à sa rencontre sur la D261 qui relie Hastingues à Saint-Pierre-d’Irube aux portes de Bayonne.
Cette petite route paisible longeant l’Adour vous fera découvrir ses berges avec une multitude de coins sympathiques pour un pique-nique. Je ne peux que conseiller de vous installer sous un saule pleureur au Bec du Gave, lieu de rencontre de l’Adour avec les Gaves réunis. Tout en profitant de ce cadre unique, cette départementale est une excellente alternative pour éviter les grands axes routiers et sa circulation dense. De plus, avec un peu de chance, vous ferez la rencontre d’un propriétaire d’une maison en bordure de l’eau qui vous proposera un petit tour sur son bateau ou bien d’un pêcheur vous partageant sa connaissance des lieux. Dans son ensemble, c’est une mise en bouche complète de ce qu’il pourrait vous attendre en termes d’expériences de conduite au Pays Basque français. Entre un bitume convenable qui vous fera parfois bien sautiller et des rencontres brutales entre insectes et visière, il n’y pas mieux pour s’échauffer avant d’entamer plusieurs heures de route dans cette région.  

 

La route de la Corniche Basque

Je ne vous apprends rien en vous disant que la Côte Basque est un incontournable en France, mais si vous y êtes déjà venus sans avoir posé vos roues sur la D912 cela vous donne une occasion de revenir. Certainement l’une des plus belles vues au Pays Basque, située entre Ciboure et Hendaye, cette route digne des publicités automobiles vous emmène au sommet des falaises les plus majestueuses de la région. En haut, vous surplombez l’immensité de l’océan avec un air aux odeurs d’embrun. Vous pourrez vous y arrêtez pour entamer une balade à pied sur le Sentier du Littoral et surtout pour apprécier un coucher de soleil qui restera gravé en vous. Pour les plus chanceux, c’est aussi un excellent spot pour observer la vague Belharra qui se forme occasionnellement à 3km au large.
Je vous assure qu’il est impossible d’être déçu de cette route et de la vue qu’elle offre. Durant la saison estivale, il est pratiquement impossible de trouver une place de stationnement si vous êtes en voiture. Le seul point négatif que je peux trouver à cet endroit c’est l’affluence qu’il génère mais le jeu en vaut la chandelle. Cependant, toutes belles choses ont une fin et la route de la Corniche Basque ne déroge malheureusement pas à cette règle. En effet, selon des études la D912 disparaîtra dans une trentaine d’année à cause de l’érosion de la falaise. Profitez-en sans tarder !

 

À la quête de la Rhune

Le Pays Basque et la Rhune c’est une histoire d’amour qui dure et ne s’arrêtera jamais. Premier sommet au milieu du paysage vallonné du Pays Basque intérieur, la Rhune offre une vue dégagée sur ses forêts, son littoral et l’océan. Petit point informatif sur la météo générale du Pays Basque qui est capricieuse et changeante rapidement. Il ne faut donc pas être surpris ou déçu si vous avez la tête dans les nuages. Réessayez un autre jour ou patientez, on ne sait jamais ça peut se dégager. La route qui vous mène jusqu’au départ du petit train est la D4 qui commence à Urrugne et se termine à la frontière espagnole à Dantxarinea. Elle est plutôt étroite, sinueuse et relativement bien goudronnée. Cette départementale peut s’avérer délicate si on croise un camping-car et très empruntée durant les périodes estivales donc soyez vigilants. Cependant, ne pensez pas avoir un point de vue sur la vallée une fois arrivé en haut. Si vous ne prenez pas le petit train de la Rhune ou si vous ne chaussez pas vos chaussures de randonnées, les panoramas sont limités. Prévoyez donc du temps pour votre escapade au sommet de la Rhune afin de profiter au maximum du cadre proposé.

 

Ascension du Col d’Ispéguy

À deux pas de Saint-Jean-Pied-de-Port, le premier vrai col de cet article, enfin !
Si vous aimez prendre de la hauteur, le Col d’Ispéguy devrait grandement vous plaire. Avant de vous parler de la beauté de son point de vue, je préfère vous mettre en garde face à la dangerosité de la route. La D949 est très étroite, sinueuse et cabossée. Cela n’est pas tellement gênant quand on arrive à moto à condition d’être vigilant et de soigner ses trajectoires. Cependant en voiture cela peut se compliquer par moment. De plus, qui dit col dit cyclistes et chevaux donc soyez prudents.

Après cette aparté sécurité et prévention, il est temps de vous lancer à la découverte du Col d’Ispéguy (672 mètres d’altitude). Que ce soit du versant français ou espagnol, l’horizon lointain est délimité par les montagnes. Comptez un peu plus de 8km de montée à fleur de ravin de Saint-Étienne-de-Baigorry jusqu’au sommet. Enfin, comme la majorité des cols, vous trouverez en haut de quoi vous restaurer ou boire un verre en profitant à la fois des tarifs espagnols et de la vue. Le Col d’Ispéguy c’est aussi le départ de plusieurs circuits de randonnées.

 

Les Gorges de Kakuetta, dernière étape avant d’arriver en terre béarnaise

Direction la D113, en Haute-Soule, l’une des routes les plus dépaysantes du Pays Basque située dans un écrin de verdure.
Seul moyen d’accéder aux Gorges de Kakuetta, véritable incontournable de la région, cette belle départementale est la dernière route avant d’atteindre le Béarn et sa première station de ski : la Pierre Saint-Martin. Le bitume est de bonne qualité, seul bémol, la circulation est relativement importante en été. L’environnement est verdoyant, humide et vous évoluez au cœur d’un canyon où vous apercevrez par moment une eau turquoise. C’est un lieu unique qui vaut le détour. La durée de la balade aux Gorges de Kakuetta est entre 2h et 3h (ticket à 6€) de quoi vous plongez dans cette nature luxuriante. Avant de partir, vous pouvez vous arrêter au bar « La Cascade » et prendre la direction de Sainte-Engrâce.

Ce village est le plus montagnard du Pays Basque dans le sens où il se situe à 630 mètres d’altitude. En plus de ces paysages hors du temps, il abrite la grotte de la Verna qui est la plus grande salle souterraine éclairée au monde. Les visites sont évidemment possibles. Si vous préférez l’air extérieur et la lumière du jour, de nombreuses randonnées peuvent être effectuées autour du village. Vous pouvez aussi visiter Sainte-Engrâce et son église romane du XIème siècle classée aux monuments historiques. En bref, la D113 traverse des lieux exceptionnels au Pays Basque et à la frontière du Béarn.  

 

Le tour de la Forêt d’Iraty

Voilà qui me permet de faire une transition parfaite avec le Pays Basque espagnol car en effet ici, je ne peux pas vous parler d’une seule route mais plutôt d’une boucle autour de la Forêt d’Iraty. Cela implique donc de passer de l’autre côté de la frontière espagnole.
C’est une de mes balades préférées, à condition d’avoir du temps devant de soi. Comptez pratiquement 4h de route et 160km avec Arnéguy comme point de départ et arrivée. Vous pouvez aussi démarrer et revenir à Larrau cependant je ne vous le conseille pas. Arnéguy vous permet de bénéficier de tarifs espagnols avantageux sur le plein d’essence à votre retour. De plus, vous êtes aussi plus proche du cœur du Pays Basque.
Côté Iparralde, vous évoluez principalement sur des routes départementales de crêtes (D128, D428 et D301). Ces routes sont très étroites et relativement abîmées, à la longue cela peut être inconfortable. À côté de ça, il est impossible de ne pas en prendre plein la vue. Vous croiserez des maisons de bergers avec leur troupeau de brebis ou de vaches avec vente de fromages directement à la ferme, des chevaux en liberté et des rapaces. C’est un appel à l’évasion constant. L'occasion rêvée pour déguster le célèbre fromage Ossau-Iraty, véritable emblème des Spécialités Basques (cliquez pour lire mon article à ce sujet). Vous pouvez aisément trouver votre coin où vous installer dans une prairie pour pique-niquer ou prendre une pause bien méritée. L’avantage de cette route c’est qu’elle n’est pas fortement empruntée mais cela peut s’avérer ennuyant si vous êtes en voiture et que vous en croisez une autre.
Maintenant direction la D19 avec l’ascension du Col d’Orgambidesca et sa descente vers Larrau. Ici, la route est convenable. L’espace naturel tout autour du Col Bagargiak vous permet de faire de magnifiques randonnées au milieu de la dense forêt d’Iraty et de petits lacs. L’environnement verdoyant est représentatif du climat humide qui règne au Pays Basque.
Une fois arrivés à Larrau, la D26 vous amènera jusqu’à la frontière espagnole au Port de Larrau situé à 1573 mètres d’altitude. Le revêtement n’est pas en très bon état mais la vue et la descente sur le versant espagnol en valent le détour. Concernant l’état des routes, sachez qu’en Espagne il sera systématiquement mieux qu’en France. La différence est flagrante à chaque sommet de col.
Prenez ensuite la NA-140 en direction d’Izalzu, vous traverserez ensuite plein de villages charmants jusqu’à arriver à Auritz puis Roncevaux et enfin Arneguy. Cette partie espagnole est vraiment un régal pour les motards. La route est sublime : sinueuse avec plein de dénivelés. Un paysage un peu plus sec vous entoure marquant le contraste avec le versant français.



S’aventurer dans le Pays Basque espagnol

Le Pays Basque espagnol, aussi appelé le Pays Basque sud ou Hegoalde, est composé de 4 régions : Navarre, Gipuzkoa, Bizkaia et Alava. Elles ont pour capitales Pampelune, Saint-Sébastien, Bilbao et Vitoria-Gasteiz. 

 

Un moment de détente au Lac d’Eugi

Depuis Dantxarinea, située à quelques petits kilomètres d’Espelette, comptez environ 1h pour atteindre le Lac d’Eugi. Prenez d’abord la N-121-B puis la NA-170. Cette dernière est plutôt étroite, en pleine nature. Vous êtes pratiquement dans l’ombre des arbres jusqu’au lac. Par moment, elle offre de magnifiques points de vue dégagés qu’il serait dommage de louper. Durant le dernier tiers de cette route, vous longez un cours d’eau qui mènera directement au lac d’Eugi. Ici, pas besoin de GPS. Faîtes seulement en sorte d’avoir ce ruisseau toujours à votre droite dès que c’est possible et vous arriverez à destination. Une fois au lac, vous pourrez facilement vous restaurer au cœur du village d’Eugi et trouver de beaux panoramas du lac et des montagnes en marchant un peu. Le tour du lac est d’environ de 10km et demie, comptez donc un peu plus de 2 heures. Une fois cette balade terminée, je vous conseille de continuer en direction de Pampelune. Il vous faut environ 30 minutes pour arriver dans cette ville pleine de charme connue pour abriter la 3ème plus grande fête au monde.

 

En équilibre sur la montagne la plus occidentale des Pyrénées, le Jaizkibel

À deux pas d’Hendaye, traversez la frontière espagnole en direction de Hondarribia et prenez la GI-3440. Cette route est l’une de mes préférées dans le Pays Basque espagnol avec une vue aux airs de Corse. Elle vous amène directement au sommet du Jaizkibel, dernière montagne des Pyrénées se jetant dans l’océan Atlantique. D’en haut, vous pouvez apercevoir par temps dégagé toute la Côte Basque d’Hendaye jusqu’à Biarritz. Plaisir des yeux garanti.
Vous trouverez également un parking pour vos départs de randonnée. Le chemin côtier vous amènera à longer la montagne et l’océan. Il vous permettra de rejoindre les plages en contre-bas. Les plus téméraires d’entre vous pourront aisément rejoindre Saint-Sébastien uniquement à pied. Si vous avez du temps devant vous, cette randonnée est à faire absolument. Observer le couché de soleil en haut du Jaizkibel entouré de chevaux est définitivement un instant immanquable. Cependant, pour ceux qui préféreront reprendre la route, je vous conseille de continuer en direction de Saint-Sébastien et de la Baie de la Concha, véritable joyau du Pays Basque.  

 

Longez l’océan jusqu’à Bilbao

Prolongement parfait de la route du Jaizkibel, vous pouvez continuer à longer l’océan après Saint-Sébastien et cela jusqu’à Bilbao. La Côte Basque espagnole est aussi extraordinaire que la française avec des routes moins empruntées. Entre ces deux capitales, il n’y a pas d’autres grandes villes et les routes qui longent l’océan ne font pas partie de l’axe routier principal.
En suivant cet itinéraire avec vue sur l’océan, je vous conseille de prendre quelques instants pour admirer Getaria et Lekeitio avant d’arriver dans la petite ville de Guernica, sujet d’une célèbre peinture de Picasso. Maintenant, prenez la direction de Mundaka. Si vous aimez le surf, ce village possède la meilleure vague gauche d’Europe.
Après toutes ces escales, vous voilà enfin à Bilbao. Cette ville portuaire est vivante que ce soit culturellement et sportivement. Il ne vous reste plus qu’à la parcourir afin de trouver les activités et visites qui vous feront plaisir.

 

Lac de Yesa, à la frontière avec le Pays Basque espagnol

Alors oui, le Lac de Yesa est situé entre la Navarre (région du Pays Basque espagnol) et l’Aragon. Pratiquement la totalité du lac se trouve en dehors des terres basques cependant un bout en fait bien partie donc ça me suffit pour vous en parler.
C’est pour moi le plus beau lac de la région, artificiel certes mais beau quand même ! À pied ou en restant sur la route, il est évidemment possible d’en faire le tour du lac ou de le longer.
En partant de Saint-Jean-Pied-de-Port, comptez environ 1h45 de route pour apercevoir cette eau turquoise. Sachez que c’est une zone sauvage et non un lac touristique, par conséquent vous ne trouverez aucun chemin balisé et commerce. Emportez donc le nécessaire ou arrêtez-vous à Yesa pour trouver de quoi vous restaurer. Si vous avez pour idée d’installer votre tente, je vous conseille d’éviter le camping sauvage. C’est interdit et la Guardia Civil n’est généralement pas très délicate. Cependant vous pouvez sans problème vous baigner à condition d’aimer la boue au moment d’entrer dans l’eau : séance de thalasso garantie. Pour être honnête, c’est le seul véritable inconvénient qu’on peut lui trouver après avoir bien compris qu’il s’agit d’un lieu sauvage induisant la prudence. Si l’eau relativement chaude est d’un bleu turquoise c’est grâce à la terre blanchâtre qui habille le paysage. Le Lac de Yesa est aussi un lieu idéal pour la pratique du stand-up paddle, le cadre s’y prête particulièrement bien.

  


C’est ici que cet article sur les belles routes du Pays Basque se termine. J’espère qu’elles vous forgeront de beaux souvenirs à la fois grâce à leur paysage et aux habitants que vous rencontrerez. Évidemment, ce n’est qu’un aperçu de ce qu’il vous attend dans cette région. Une fois sur place, laissez-vous séduire par l’appel de l’exploration. Le Pays Basque abrite mille et un lieux sublimes nichés entre océan et montagnes.